L’art d’enseignement des Indiens Iroquois – I – Masques de guérison

False Face 1970 Quasiment tous les peuples premiers ont orné leurs ustensiles de figures magiques ou simplement décoratives. Tous ont aussi inventé un langage physique, solide, par l’abstraction artistique ou la figuration de ce qui fait une société des Hommes, ses croyances, ses pratiques et ses connaissances. Les Iroquois, situés aujourd’hui dans la région des Grands Lacs,aussi nommés le Peuple Réel et le Peuple-Qui-Construit,  a parmi les nombreuses représentations traditionnelles, conservé la pratique sacrée de la sculpture des masques de guérison de la Compagnie des Faux-Visages. Cette compagnie de médecine iroquoise est secrète. Personne ne sait qui en fait partie. Les hommes concernés sont appelés par des messages oniriques précis afin d’oeuvrer à la guérison des hommes de ses maux les plus terribles ou mettre un terme à une épiphytie (épidémie qui affecte les plantes). La Compagnie des Faux Visages, dont est le patron Genonsgwa, le géant du Peuple à la Peau de Pierre, est présent depuis des siècles dans la société iroquoise. Elle fait partie de la tradition qui guide les jeunes générations vers la connaissance ancestrale et permettre ainsi la transmission des rites et coutumes de ce peuple si important pour le monde entier et pourtant si méconnu.

Admirons ici ces « esprits » sculptés aux responsabilités sociales et spirituelles fondamentales qui arpentent par ici ou par là les territoires, à la recherche du plaignant, du souffrant, pour faire fuir la maladie ou la folie.

Art Huichol. Héritage d’une tradition hallucinogène de plusieurs millénaires

Masque Huichol

Masque des indiens Huichol en bois de peuplier, perles et cire d’abeille, décoré de motifs et symboles traditionnels liés à la cérémonie du peyotl. Années 70-80.

Les Huichols ou WixáritariHuichol_Washingtonpost, que l’on peut traduire par: Le Peuple, Les Gens; sont une ethnie amérindienne parlant une langue de la famille uto-aztèque, et vivant dans la Sierra Madre occidentale, au centre-ouest du Mexique, essentiellement dans les états de Jalisco, Nayarit, Zacatecas et Durango. Après avoir résisté à l’invasion espagnole, ils se sont battus pour garder leur culture vivante, en dépit de la présence de leurs voisins mexicains. Aujourd’hui, les Huichols sont les représentants d’une tradition chamanique d’inspiration précolombienne toujours en activité. Comme beaucoup de groupes amérindiens indigènes, les Huichols utilisent le peyotl Peyotle à des fins médicinales mais aussi pour obtenir des visions spirituelles lors de leurs rituels religieux. L’art huichol est un art sacré. Solennel et tourné vers la religion, il se manifeste traditionnellement par des peintures, des  statues et tableaux travaillés avec des perles, ou des fils de laine utilisés comme offrandes aux Dieux. Assemblant de nombreuses images, tantôt géométriques et abstraites, tantôt figuratives (notamment avec des animaux), la créativité débridée des Huichols se nourrit d’hallucinations inspirées par ce qu’ils observent sous l’influence de ce cactus « magique » qu’est le peyotl.

Un chroniqueur espagnol de la conquête, Fray Bernardino de Sahagún, a estimé sur la base de plusieurs événements historiques enregistrés dans la chronologie indienne que le peyotl était connu des Chichimecas et Toltèques depuis aumoins 1890 années avant l’arrivée des Européens. Ce calcul donnerait à la « plante divine » une histoire économique qui s’étend sur une période d’environ deux millénaires. Carl Lumholtz, l’ethnologue danois, a fait un travail de pionnier parmi les Indiens de Chihuahua et a suggéré que le culte du  peyotl est beaucoup plus ancien que cela. oeuvre huichol (2)Il a montré que le symbole utilisé dans la cérémonie Tarahumara que le peyotl est apparu dans les anciennes sculptures rituelles conservés dans les roches de lave méso-américaines. Plus récemment, des découvertes archéologiques dans les grottes sèches et abris sous roche du Texas ont révélé des échantillons de peyotl. Ces spécimens, trouvés dans un contexte suggérant usage cérémoniel, indiquent que son utilisation est vieux de plus de trois mille ans.

in Plants of the God.Their Sacred, Healing and Hallucinogenic Powers by Richard Evans Schultes and Albert Hoffman [Healing Arts Press (Vermont)]. 1992

Masque Pug Wis, Kwakiutl ou Kwakwaka’wakw, Colombie Britannique

Ce masque est assez massif. Il mesure 24 cm de hauteur pour 20 cm de largeur et 15 cm de profondeur.

Le Pug Wis, l’Homme Sauvage des Mers ou le Merman. C’est un être surnaturel à dents de castor.

Dans la tradition du peuple marin Kwakiutl ou Kwakwaka’wakw l’acte de se nourrir revêt une importance symbolique capitale. Il permet la création. Les esprits nourrissent les hommes, les hommes nourrissent les esprits. La transmutation s’effectue par la bouche.

Visible en galerie.